Paul-Félix Benedetti a déposé sa liste ce mardi 22 juin à la préfecture d'Ajaccio. Photo : Julia Sereni
Vous déposez la même liste qu’au premier tour. Avez-vous eu des contacts avec les autres listes nationalistes et pourquoi une alliance n’a t-elle pas été possible ?
Nous n’avons eu aucun contact et, très objectivement, nous ne les avons pas cherchés, dans la mesure où, comme je l’avais annoncé le soir des résultats du premier tour, il n’y a aucun risque que la majorité patriotique soit en mise en danger. Il appartient aujourd’hui à l’ancienne coalition qui a gouverné la Corse durant six années de tirer les leçons de l’élection et de leurs divergences pour qu’ils se reconstituent et qu’ils se recomposent et il n’appartient pas à Core in Fronte d’être l’arbitre des mésententes passées et des mésalliances.
Justement, pour vous aujourd’hui quel est l’enjeu de ce second tour ?
L’enjeu du second tour c’est de porter Core in Fronte à un score très important pour qu’il puisse impulser une politique de changement, éviter une majorité monolithique qui a montré ces six dernières années que l’absence de débat, l’absence de confrontation d’idées, l’absence de travail, font qu’on est dans la routine. Et la routine, dans un pays qui doit se reconstruire, elle conduit à l’abnégation, à l’abandon des réalités, à l’abandon de nos engagements, de nos cinquante années de combat patriotique et elle nous amène à une normalité de gestion, alors que la Corse a besoin de se refonder dans un projet de société global, centré sur ses besoins, sur ses habitants, avec deux axes forts. D’abord, la reconquête d’un niveau de vie, sortir le tiers des Corses du niveau de misère latent dans lequel il s’enfonce chaque jour un peu plus, et surtout, sauver le peuple Corse qui est en phase d’asphyxie et de perte complète de ses repères sur sa propre terre.
Comment vous positionnez-vous aujourd’hui, et même demain dans l’hémicycle, par rapport aux autres forces en présence ?
Nous nous posons comme une force politique cohérente, qui est sur des logiques idéologiques, des logiques naturelles : une Corse libre, une Corse généreuse, lutter contre les monopoles, lutter contre cette pression malsaine d’un tissu qui devient de plus gangréné par des sphères occultes, qui sont à la frontière d’une dérive totalement mafieuse, avoir le respect du suffrage universel par l’Etat français avec la volonté affirmée d’oeuvrer à une solution politique, avec un dialogue constructif avec l’Etat et ses gouvernants pour que la Corse puisse avoir enfin une spécificité et qu’elle puisse être à l’égal des autres territoires périphériques méditerranéens.
Quel message voulez-vous faire passer aux Corses à quelques jours du second tour ?
Un appel très fort à un sursaut populaire pour qu’il y ait un vote massif envers Core in Fronte, en s’adressant aux militants nationalistes qui se sentent aujourd’hui sur le bord de la route, aux militants écologistes, aux militants communistes, aux militants socialistes, à tous ceux qui ont un esprit de justice et la volonté à des degrés divers de faire en sorte que la Corse sorte de l’ornière dans laquelle elle est, à tous ceux qui n’ont pas envie d’avoir une majorité unique, qui peut être tentée par des dérives populistes. Je crois qu’il y a besoin de points de repères. Core in Fronte est une force équilibrante avec des militants sincères, engagés, dévoués, et ils seront au service de tous, bien au-delà de leur sphère naturelle d’influence, qui est, au départ, patriotique et indépendantiste.